D'OÙ VIENNENT NOS VÊTEMENTS? - LEITA Paris

D'OÙ VIENNENT NOS VÊTEMENTS?

SOUS L'ÉTIQUETTE : LE "MADE IN"

Il y a tout juste 10 ans, rappelez-vous, le Rana Plaza s’effondrait faisant des milliers de morts et de blessés. Ce bâtiment abritait plusieurs ateliers de confection travaillant pour des marques internationales de vêtements (Mango, Primark,…) et fut à l’origine d’une prise de conscience quant aux conditions sociales de fabrication de nos vêtements. 10 ans après, la mode est-elle devenue responsable ?

Après le drame ...

Une commémoration du drame à Dacca le 24 avril 2021 - Shutterstock 

Le bilan au Bangladesh n’est pas idyllique même si l'on observe des progrès. Un accord a permis de fermer 200 ateliers vétustes et de sécuriser la moitié des usines à la suite d’audits financés par ces mêmes multinationales. Cette avancée est toutefois dénoncée par les ONG présentes sur place qui ont révélé des manquements et des arrangements dans ces contrôles. Le Rana Plaza n'est pas le seul drame dans le secteur. D’autres événements sont venus éclabousser l’univers de l’industrie textile nous désorientant sur les lieux de production à privilégier. Voici quelques éléments pour se ré-orienter. 

Made in Europe

Pour commencer, voici une étude de la confédération syndicale internationale qui établit un classement catégorisant les pays en fonction des risques associés à la violation des droits des travailleurs, la catégorie 1 étant la moins risquée et la catégorie 5+ la plus risquée. Le résultat est limpide : l’Europe est le continent qui présente le plus de sécurité en termes de droit du travail en obtenant une note moyenne de 2,51 alors que l’Asie-Pacifique obtient une note de 4,17. Voici donc une première réponse, pour acheter des vêtements respectueux des hommes, il est préférable de se tourner prioritairement vers une production européenne. Attention toutefois à ne pas vous faire duper sur les mentions « Made in … » parfois trompeuses et abusives.
 


GlobalRightsIndex_2021

INDICE CSI DES DROITS DANS LE MONDE 2021

Made in France

La mention  « made in France » ne garantit pas que l'intégralité du vêtement est fabriqué en France. Les marques jouent sur les mots. Le « made in France » n’est pas un label, c’est mention auto-déclaratif. Le produit vendu prend l’origine du pays où il a subit sa dernière transformation majeure. Ce n’est donc pas une garantie assurant que l’ensemble des étapes de production ait eu lieu en France. L’appellation « made in France » peut donc être trompeuse. Pour s’éviter les doutes, il est préférable de faire confiance au label « Origine France garantie ». Ce label contrôlé par un organisme indépendant vient confirmer que l’ensemble des caractéristiques essentielles du vêtement est fabriqué en France (entre 50% et 100% du prix unitaire français) et qui permet d’assurer une certaine traçabilité.

Le « made in France » c’est aussi un envers du décor pas toujours glamour et en phase avec la législation. Dans la région parisienne et même au coeur de Paris, il existe de nombreux ateliers de confection clandestins qui ne déclarent pas leurs employés et qui travaillent dans des conditions à la limite de la propreté. C’est à ce prix là qu’ils parviennent, malheureusement, à limiter les coûts de production car évidement le « made in France », fait dans de bonnes conditions, ça coûte cher. Lors de mes premières recherches d’atelier, je m’étais tournée, en premier lieu vers la France. J’avais trouvé des confectionneurs supers mais pratiquant des prix bien trop élevés. J'ai donc dû trouver une alternative et la solution portugaise est apparue. Mais pourquoi beaucoup de marques fabriquent-elles aussi leurs vêtements au Portugal?

 

Made in Portugal 

Au delà de l'aspect financier, la Portugal présente bien des avantages dans le domaine de l'industrie textile. Toujours selon cette même étude de la confédération syndicale internationale, on apprend que le Portugal se positionne en catégorie 2 (comme la France) en opposition à la Chine qui se classe en catégorie 5. Le Portugal fait donc partie des pays offrant de bonnes conditions de travail (ou au moins équivalentes à celles offertes en France quand elles sont respectées) et des conditions salariales acceptables. Ce type de classement ne dédouane pas les marques de s’assurer des conditions de travail à l’oeuvre dans leurs ateliers, travail que j’ai entrepris avec Madelena en charge de la production de nos vêtements, au Portugal.

Au delà des conditions sociales pratiquées, ce plébiscite du Portugal s’explique aussi par des avantages environnementaux. Le Portugal est relativement  proche de nous. Ce n’est pas tout près de nous mais ce n’est pas à l’autre bout du monde, non plus. Donc en termes de transport, on s’évite une bonne quantité de CO2 rejeté dans l’atmosphère. C’est un bon point mais ce n’est pas le plus important puisque dans la confection d’un vêtement le transport ne représente que 2,1% de l’impact environnemental d’un vêtement. L’énergie dépensée par les machines textiles représente quant à elle 69% de l'impact du vêtement. Et dans la mesure où le Portugal fait partie des bons élèves en matière de consommation d’énergie renouvelable en Europe (7ème place vs 14ème place pour la France en 2021), c’est là un excellent point pour l’environnement.
 

charbon coton loom consommation énergie

Répartition des émissions d’un vêtement tout au long de son cycle de vie (hors usage et fin de vie), en croisant les études Quantis et McKinsey, par LOOM. 

 

Enfin, le Portugal se distingue également par son savoir-faire textile. Contrairement à la France, la Portugal a su conserver son outil industriel et sa main d’oeuvre pour produire des vêtements de qualité.

Conclusion : la mode se responsabilise et pour faire partie de ce mouvement, il est préférable d’acheter des vêtements produits en Europe, continent dans lequel les droits du travail sont respectés. Et au sein de l’Europe, il faut toujours garder sa vigilance et questionner les lieux de production. Vous pouvez consulter l’ensemble des prestataires avec lesquels je travaille ici et je serai ravie de répondre à vos questions sur le sujet.

 

Bisous.

Chloé

Retour au blog